cœur d’Arles, plus précisément au sud du Rhône dans le quartier du Méjan. Cette ancienne église du XVe siècle accueillait autrefois l’ordre des Dominicains jusqu’au moment de la Révolution Française. Son cloître adjacent est détruit en 1858 pour l’édification d’une usine hydraulique. Jusque dans les années 80, avant sa restauration, le bâtiment est occupé par des garages et des entrepôts malgré son classement aux Monuments Historiques en 1921.

Il s’agit maintenant de comprendre dans quel contexte se situe le programme proposé pour l’aménagement de l’église des Frères Prêcheurs. L’objectif est d’introduire ce bâtiment dans deux supposés « réseaux » au sein d’Arles : le réseau artistique et le réseau historique.
Le premier réseau dit « artistique » comprend de nombreuses fondations, musées ou différentes institutions, tels que la Fondation Van Gogh, l’Ecole Nationale de la Photographie, la future Fondation Luma, ainsi que le festival annuel des Rencontres de la Photographie; qui participent au dynamisme culturel et artistique pour laquelle Arles est aujourd’hui réputée.
Depuis 2013, la Fondation Luma s’est emparée des anciens vestiges du patrimoine ferroviaire de la ville où une série de réhabilitations et de constructions prennent place non loin du centre d’Arles. Cette fondation établie depuis 2004 à Zurich soutient des artistes contemporains indépendants et d’autres pionniers qui travaillent dans les domaines de l’art, de la photographie, de l’édition et du multimédia. Ce grand projet contemporain est en partie l’initiative de la mécène suisse Maja Hoffmann, permettant à la ville de financer ce gros chantier de dix hectares.

La réputation du festival des « Rencontres de la Photographie » d’Arles ne cesse d’augmenter depuis 1970. L’organisme ne dispose pas d’une véritable vitrine qui puisse communiquer tout au long de l’année sur ce festival international, d’autant plus que les yeux sont aujourd’hui rivés sur la future fondation Luma.

Ce nouveau lieu se joindrait aux autres, créant ainsi un réseau dense et varié sur le plan culturel et artistique pouvant accueillir de nombreux visiteurs tout au long de l’année. L’aménagement de ce lieu permettrait de présenter différents évènements ; expositions de photographies temporaires (notamment en partenariat avec l’Ecole Nationale de la Photographie).

Le deuxième réseau est celui des Monuments Historiques. Les « Rencontres de la Photographie » s’installeraient au sein de l’église des Frères Prêcheurs, véritable vestige du passé historique et religieux de la ville. Arles compte aujourd’hui de nombreux monuments classés qui sont déjà ouvert aux visiteurs (le Théâtre Antique, l’Amphithéâtre, les thermes de Constantin…). L’église des Frères Prêcheurs n’est ouverte au public qu’occasionnellement lors d’expositions. C’est pourquoi une fois aménagée pour accueillir les « Rencontres de la Photographie », l’église pourra aussi être visitée en tant que monument au sein de ce réseau « historique » d’Arles.

Il faut imaginer Arles reposant sur un « tapis fédérateur » sur lequel s’étendent le réseau historique et le réseau artistique de la ville. Ce tapis est représenté et dessiné par la topographie d’Arles, qui glisse ou envahi les différents lieux que comptent les deux réseaux. Comme si la ville s’invitait dans les bâtiments. C’est le cas dans l’église des Frères Prêcheurs. Le sol s’immisce dans l’édifice où se mêlent à la fois le dessin des courbes de niveaux de la ville (comme une trame) et la nouvelle topographie de l’église. C’est sur ce sol que viennent littéralement percer et s’organiser les différents éléments nécessaires à la construction du lieu permettant d’accueillir des expositions ou des manifestations de tout ordre ; projections, affichages, accrochages, ou d’autres types d’installations… Le lieu compte aussi un amphithéâtre pour recevoir des conférences ainsi qu’une librairie spécialisée en ouvrages photographiques, considérés comme des supports d’expérimentation aujourd’hui incontournables pour les photographes et les artistes.